Comment la Russie détruit le système de santé ukrainien

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Mener la guerre selon les règles de la guerre – ce n’est pas la façon de faire de la Fédération de Russie – voici ce qui est clair depuis le début de l’invasion à grande échelle. Les frappes régulières sur les infrastructures civiles et les bâtiments résidentiels, la terreur de la population civile, la création artificielle de crises humanitaires – il ne s’agit pas d’une coïncidence, mais bien des actes calculés d’un état terroriste.

Mariia Kravchenko, coordinatrice de projets en communication au Centre de Santé Ukrainien (UHC), raconte comment pendant une année de guerre à grande échelle, l’armée russe a détruit le système de santé en Ukraine : détruit des cités médicales entières, bombardés des hôpitaux, tué le personnel médical, volé du matériel et provoqué des crises sanitaires.

Les attaques ciblées contre les institutions médicales ukrainiennes et leur personnel, c’est une des stratégies de guerre de la Fédération de Russie. Planifiées et intentionnelles, les attaques de l’armée russe sur les établissements médicaux démontrent une fois de plus sa cruauté et sa volonté de détruire autant d’Ukrainiens que possible et de démoraliser ceux qui continuent de résister. Au bout du compte, en bombardant les établissements médicaux, la Russie enlève le dernier sentiment de sécurité aux populations, car ce sont des lieux où l’on reçoit toujours de l’aide et où l’on se sent en sécurité.

Au cours des onze mois de guerre à grande échelle, l’équipe de l’UHC a enregistré plus de 250 attaques contre des établissements de santé, de nombreuses violations du droit international et des cas particuliers, pouvant servir de base à l’ouverture de poursuites pénales.

UHC
Centre d'analyse et d'enseignement ukrainien indépendant, créé en mars 2021.

Défendre pas possible détruir

Les hôpitaux ukrainiens continuent à fonctionner même dans les conditions des hostilités actives, pour assurer la fourniture en continue de l’aide médicale à la population civile. Les fonctions des établissements médicaux en temps de guerre sont décrites dans des protocoles et des statuts internationaux. Ces mêmes documents leur garantissent une protection particulière en tant que lieux de la sécurité civile.Toute attaque délibérée contre des établissements de santé est potentiellement un crime de guerre.

Le droit international humanitaire (DIH) est un ensemble de règles et de principes qui réglementent la protection des victimes de la guerre et limitent les méthodes et les moyens de gestion des conflits armés. La partie prédominante du DIH est contenue dans les quatre conventions de Genève de 1949, qui ont été adoptées par tous les pays du monde. Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) considère ces conventions comme l’une des réalisations les plus importantes de l’humanité au cours du siècle dernier.

Conventions de Genève
Les accords multilatéraux qui établissent des normes de traitement humain en temps de guerre dans le droit international. Actuellement, il existe 4 accords (le premier a été signé en 1864).

Malgré les protocoles additionnels aux conventions de Genève, parus dans les années 1997 et 2005, les règles originales qui y sont décrites restent inchangées – tous ceux qui prennent part à la guerre doivent faire le maximum d’efforts pour protéger les civils pendant les hostilités. Selon le DIH, l’infrastructure de santé (hôpitaux et leur personnel médical) bénéficie d’une protection spéciale.Elle est considérée comme une zone protégée pendant les conflits et les guerres, et les forces militaires doivent tout mettre en œuvre pour éviter de mettre en danger les établissements de santé et leur personnel.

Il est notamment indiqué dans l’article 18 de la convention de Genève de 1949 : “Les hôpitaux civils organisés pour donner des soins aux blessés, aux malades, aux infirmes et aux femmes en couches ne pourront, en aucune circonstance, être l’objet d’attaques ; ils seront, en tout temps, respectés et protégés par les Parties au conflit ” .

Les conventions de Genève interdisent également d’entraver le travail des établissements médicaux, de les utiliser à des fins inhabituelles ou comme “bouclier humain”. La Russie a ratifié la Convention de Genève, et en tant que membre du Conseil de sécurité de l’ONU, a approuvé la résolution n° 2286 du 3 mai 2016, qui, en outre, oblige à mettre en œuvre les conventions concernant spécifiquement les infrastructures médicales.

Mais même cela n’arrête pas les militaires russes dans leur cruauté. Les attaques qu’ils exercent en Ukraine (et qu’ils ont “travaillées” auparavant dans d’autres pays) sont des crimes de guerre, pour lesquels personne n’a été puni.

La destruction des hôpitaux – tactique typique de l’armée de la Fédération de Russie

Ce qui se passe avec le système de la santé en Ukraine depuis le 24 février 2022 n’est pas une histoire isolée. Cela s’est déjà produit dans d’autres pays, lors d’autres guerres dans lesquelles la Russie a été impliquée.

Pendant la guerre civile en Syrie (qui dure depuis 2011), les forces gouvernementales russes et syriennes ont lancé une campagne axée sur la destruction d’hôpitaux et d’installations médicales dans des zones non contrôlées par le gouvernement syrien. L’analyste militaire Tom Couper raconte qu’en septembre 2015, les rebelles syriens, avec le soutien de l’ONU et de l’organisation humanitaire “Casques blancs” qui ont fourni une aide médicale et évacué des personnes, ont remis toutes les coordonnées des hôpitaux d’Alep au commandement russe. Cela a été fait dans l’espoir que la Fédération de Russie respecterait les règles de la guerre et n’attaquerait pas ces installations médicales. Cependant, un tel geste a été utilisé contre les Syriens – les troupes russes ont bombardé tous les hôpitaux de la liste fournie. Le reste des établissements médicaux n’a pas non plus survécu, peu importe les tentatives des Syriens pour essayer de les dissimuler, car les occupants russes ont réussi à obtenir le reste des données sur la localisation de ces bâtiments.

Depuis 2017, l’équipe du Times Visual Investigations (États-Unis) surveille les bombardements à répétition d’hôpitaux en Syrie. C’était la stratégie coordonnée de l’armée syrienne et de la Fédération de Russie, son alliée. Selon le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme, depuis fin avril 2019, les forces militaires, sous le contrôle du président syrien Bashar al-Assad, ont attaqué au moins 50 établissements de santé en Syrie.

Selon l’organisation internationale de défense des droits de l’homme PHR, qui documente également les attaques sur le système de santé en Syrie, depuis le début du conflit militaire en 2011, 601 attaques contre 400 structures médicales ont été enregistrées. 244 d’entre elles (40 % de toutes les attaques depuis 2011) ont été menées soit par les forces russes, soit par les forces gouvernementales syriennes soutenues par la Russie.

En 2017 la Banque mondiale a indiqué que la destruction du système de santé en Syrie causera plus de tort à la population que l’action militaire elle-même.

La Banque mondiale
L'une des plus grandes institutions financières (fondée en 1945), qui peut accorder des prêts et des subventions aux gouvernements des pays.

En juin 2020, la Russie a annoncé sa décision de se retirer d’un accord volontaire de l’ONU visant à protéger les hôpitaux, les établissements médicaux et l’acheminement de l’aide humanitaire en Syrie, selon lequel l’emplacement de ces installations a été transmis aux parties en conflit afin de les empêcher d’être attaquées. A l’époque, le directeur de l’organisation internationale Human Rights Watch aux Nations Unies, Louis Charbonneau, déclarait : « Si la Russie pense que cela l’aidera à éviter la responsabilité des crimes de guerre, elle se trompe profondément. Nous et d’autres groupes continuerons d’enquêter et de documenter les bombardements délibérés d’hôpitaux et autres crimes graves en Syrie.”
Cependant, la Russie n’a pas encore été punie pour ces crimes.

Pourquoi les hôpitaux ne sont-ils pas une cible militaire ?

Les analystes et les experts militaires distinguent généralement deux types d’attaques : ciblées et aveugles. Les deux sont des crimes de guerre au regard du droit international humanitaire. Le principe de distinction décrit par le CICR stipule que les parties à un conflit doivent faire la distinction entre biens militaires et biens civils.

Cependant, la plupart des attaques menées au cours de l’invasion à grande échelle montrent que les militaires russes ignorent complètement ce précepte. Autrement dit, ils frappent aveuglément.

En plus des attaques aveugles, les experts ont relevé de nombreux cas de bombardements ciblés. Tous avaient un caractère particulièrement brutal, et la destruction d’infrastructures civiles semble délibérée afin de causer le plus de mal possible aux civils Ukrainiens. Outre les bombardements, de nombreux cas de violences physiques et morales à l’encontre de professionnels de la santé, de pillages et de destructions délibérées d’équipements médicaux et auxiliaires ont également été découverts.

D’après le Protocole I de la Convention de Genève du 12 août 1949, la cible n’est considérée comme militaire que si elle contribue de façon significative à l’opération militaire. Cependant, certains manuels militaires incluent également les types d’objectifs qui “soutiennent indirectement mais efficacement les capacités de combat de l’ennemi”. Pour cette raison, les centres d’infrastructures politiques, financières ou sociales peuvent, sous certaines conditions, être considérés comme des cibles légitimes d’attaques en temps de guerre.

Toutefois, une attaque contre les infrastructures de santé ne peut être considérée comme légale, car ces actions visent principalement à démoraliser la population civile, et non à réduire la puissance militaire des forces armées du pays adverse et/ou de ses alliés.

Si le but principal d’une action ou une menace d’utiliser la violence est d’instiller la peur et l’appréhension de la terreur parmi la population civile, alors de telles actions sont interdites. L’article 5 du Protocole I de la Convention de Genève du 12 août 1949 interdit les attaques sans discrimination qui :

  • ne sont pas dirigées vers un objectif militaire;
  • utilisent une méthode ou un moyen de combat qui ne peuvent être dirigés vers un objectif militaire précis ;
  • utilisent une méthode ou un moyen de combat dont les conséquences ne peuvent être limitées conformément aux prescriptions du présent Protocole.

De ce fait, chacun de ces cas peut être considéré comme un crime de guerre, car il s’agit d’une attaque contre des objectifs civils.

Un type particulier d’attaque aveugle est le bombardement “tapis”. Il s’agit d’un bombardement progressif à grande échelle du territoire, lequel inflige des dégâts dans tous les recoins du terrain visé. Ce genre d’attaque se réalise en général en jetant sur un territoire donné une grande quantité des bombes non guidées (également appelées les bombes à chute libre), afin de détruire toutes les infrastructures militaires et civiles, et de tuer autant de personnes que possible, militaires et civiles.

Ce type d’attaque visant à tuer ou blesser des civils est aussi interdit par la convention de Genève, Article 51.

Qui et comment enregistre-t-on les attaques contre le système de santé ukrainien

Dès les premiers jours de l’invasion à grande échelle, l’équipe de l’UHC a commencé à enregistrer les crimes de l’armée russe contre le système de santé de l’Ukraine. De tels crimes en Ukraine sont également enregistrés par Truth Hounds, le ministère de la Santé de l’Ukraine (MOH) et Physicians for Human Rights (PHR).

Les indicateurs du nombre de victimes des bombardements russe des installations médicales dans les différentes organisations qui documentent ces crimes de guerre peuvent différer.

Établissements médicaux
Établissements agréés, certifiés et légalement enregistrés qui fournissent des soins médicaux qualifiés. Ils varient des petites cliniques et des centres de soins d'urgence aux grands hôpitaux dotés de salles d'urgence complexes et de centres de traumatologie.

Par exemple, selon les dernières informations du Ministère de la Santé (6 novembre 2022) l’armée de la Fédération de Russie a endommagé 1100 établissement médicaux ukrainiens, dont 144 sont complètement détruits. Mais l’UHC nous informe de 258 établissements médicaux endommagés (25 janvier 2023). Ceci s’explique parce que l’UHC retient des exemples individuels d’attaques et que le ministère de la Santé lie tous les dommages aux entités juridiques qui seront indemnisées. Soit dit en passant, selon les estimations de mois de septembre du ministère de la Santé, au moins 14,6 milliards d’euros seront nécessaires pour restaurer le système médical ukrainien après la victoire.

Des donateurs internationaux et des entreprises participent déjà ou envisagent de participer à la restauration des hôpitaux. Par exemple, la société Rolls-Royce Power Systems AG prévoit de soutenir la reconstruction du dispensaire du village de Khukhra à Slobozhanshchyna, qui a été détruit par les troupes russes en mars. Et le Dynamo FC aide à restaurer le bâtiment de diagnostic par rayons X de l’hôpital n°3 de la ville de Tchernihiv à Tchernihiv, qui a été détruit en mars.

Cependant, l’équipe de l’UHC enregistre moins de destructions que d’attaques contre les hôpitaux. Les données sont recueillies en plusieurs étapes, en les vérifiant soigneusement. Pour cela, des sources ouvertes sont utilisées (actualités dans les médias, publications sur les réseaux sociaux), des témoignages de représentants hospitaliers et de témoins oculaires, ainsi que des données officielles des services de santé. L’équipe du centre visite également certaines des installations médicales touchées, afin de pouvoir considérer chaque attaque à la fois comme un cas individuel et globalement comme un phénomène systémique de cette grande guerre. Ainsi, les experts ont visité avec des expéditions la région de Kyiv, de Siver et de Slobozhan. Diana Rusnak, coordinatrice du projet et analyste de l’UHC, indique :

  • Nous documentons des cas où des installations médicales et du personnel médical ont été directement attaqués : bombardements, agressions ou meurtres. Par exemple, si les chambres d’hôpital, des salles d’opération ou toute autre partie importante des installations médicales ont été endommagées à la suite d’un bombardement. Si la cible du bombardement était les bâtiments voisins, alors que plusieurs fenêtres de l’établissement médical ont été brisées par l’onde de choc, cela est considéré comme une attaque indirecte contre celui-ci.

Ces données sont nécessaires pour deux raisons : pour aider à poursuivre la Fédération de Russie et les auteurs responsables (militaires russes) en justice devant des tribunaux internationaux, ainsi que pour aider le monde à éviter des menaces similaires à l’avenir. Pavlo Kovtoniuk, co-fondateur de l’UHC, explique pourquoi il est important d’enregistrer tous les cas d’attaques contre les infrastructures médicales ukrainiennes et pourquoi il est impératif de le signaler à la communauté internationale :

La victoire dans la guerre ne sera pas totale tant que nous ne pourrons pas établir la justice : si les crimes ne sont pas rendus publics, si les noms des criminels ne sont pas nommés, et si eux-mêmes ne sont pas punis. La Fédération de Russie mène la guerre contre les civils comme contre les militaires. Ce modèle de comportement forme certains modèles de comportements criminels, qui se produisent partout où les troupes russes envahissent. Cela signifie que la destruction d’installations médicales n’est pas un ensemble d’incidents aléatoires, mais une stratégie de guerre délibérée et brutale visant à créer une catastrophe humanitaire pour atteindre des objectifs militaires.

Chaque organisation applique sa propre méthodologie et ses propres règles pour documenter les crimes contre le système de santé.

Exemple d’un rapport anonyme de la part de l’OMS

Par exemple, le système de surveillance d’attaques sur le système de santé (SSA) de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), a créé un registre des épisodes d’attaques sur les hôpitaux. Cependant l’OMS ne communique que le nombre global, sans jamais donner de détails ni les relier avec de potentiels responsables.

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Source : UHC

5 à 6 attaques par jours

Au 1er février, l’équipe de l’UHC a enregistré 309 attaques contre le système de santé de l’Ukraine. Pendant la seule première étape de l’invasion (que l’équipe de l’UHC définit comme la période du 24 février au 7 avril. – éd.), les troupes russes ont lancé 184 attaques contre des installations médicales dans toute l’Ukraine. En moyenne, cela représente 5 à 6 bombardements par jour. Les attaques contre les établissements médicaux ne sont pas non plus un phénomène isolé. L’équipe du centre inclut non seulement les attaques directes et les bombardements, mais aussi d’autres crimes commis par les militaires russes : pillage du matériel, qui est sorti hors des frontières des hôpitaux et même de l’Ukraine, violences physiques et menaces contre les employés, prise en otage de civils, etc.

Il semble que de telles actions de l’armée russe font partie d’un plan général visant à détruire la population civile ukrainienne.

La géographie de ces attaques a suivi le schéma et la direction de l’invasion russe. Les établissements médicaux qui ont ​​été les plus touchés sont dans la région de Kyiv, de Siver, de Slobozhan, de la mer Noire et de Donetsk. Les installations médicales de Polissya, de Zhytomyr, de Podil, de Podniprovya et de Zaporizhzhia ont également souffert d’attaques à la roquette, malgré leur relative distance des épicentres des hostilités.

Le plus grand nombre de bombardements d’hôpitaux a été enregistré dans la région au nord-ouest de Kyiv, sur la trajectoire de l’avancée russe vers la capitale. Bucha, Borodyanka, Irpin, Vorzel, Gostomel, Makariv, Buzova, Byshiv et d’autres villes ont subi des violences terribles contre la population civile. Dans les agglomérations voisines de ces villes, une quantité disproportionnée d’infrastructures médicales a été endommagée ou détruite.

Depuis janvier 2023, l’intensité des bombardements a considérablement diminué et les principales attaques ont lieu sur le territoire de la région de Donetsk, de Slobozhan, de la mer Noire et de Tavria.

Les militaires russes,en plus des bombardements des établissements médicaux, ont utilisé d’autres moyens pour priver les ukrainiens d’aide médicale. Dans les territoires temporairement occupés, ils ont forcé les médecins ukrainiens à ne soigner que des soldats russes. Dans le même temps, les civils se sont souvent vu refuser l’accès aux installations médicales, l’aide humanitaire a été limitée aux personnes qui en avaient besoin, le matériel médical a été volé et endommagé et les hôpitaux ont été minés. Du matériel a été exporté de certaines institutions médicales vers les territoires temporairement occupés ou hors des frontières de l’Ukraine.

Photo : Konstantin Gouzenko

Les militaires russes perturbent également régulièrement les chaînes d’approvisionnement en médicaments des territoires temporairement occupés et endommagent les systèmes d’approvisionnement en électricité, en eau et en gaz des établissements de santé.

« Je l’ai déjà dit et je le répète encore et encore : les attaques contre le système de santé sont inadmissibles », a souligné le Dr Hans Henri P. Kluge, directeur régional de l’OMS pour l’Europe. « Non seulement ces actes constituent une violation du droit international humanitaire, mais ils tuent et mutilent également des civils et des prestataires de soins de santé, et entravent ou empêchent gravement la fourniture et l’accès aux soins de santé à ceux qui en ont le plus besoin. Au milieu de l’horreur de la guerre, nous continuons d’être témoins des efforts héroïques du personnel de santé – dont beaucoup que j’ai eu le privilège de rencontrer en personne – qui font tellement honneur à leur profession malgré leurs propres souffrances personnelles».

Comment fonctionnent les hôpitaux ukrainiens dans les conditions de guerre

Dans les premiers jours de la guerre à grande échelle, les établissements médicaux ont été confrontés à des problèmes d’approvisionnement et/ou à des pénuries de médicaments, de produits médicaux, qui ont été achetés dans des régions où des hostilités actives avaient lieu. Des organisations humanitaires et publiques, des partenaires étrangers et de simples Ukrainiens sont venus à la rescousse. Actuellement, au douzième mois de la guerre, le problème avec la livraison de médicaments à l’ouest de l’Ukraine s’est stabilisé, mais les hôpitaux continuent de se préparer à divers scénarios, en préparant des stocks et des plans d’action.

Photo : Lynsey Addario

Le système de santé ukrainien a tenu la première vague de charge grâce à des médecins, lesquels continuent de travailler, et à des gestionnaires qui ont réagi rapidement et efficacement à la situation en modifiant les spécificités de leur travail.

Les médecins de l’ouest de l’Ukraine soulignent qu’à cause de la proximité de la frontière, une grande partie de la population locale est partie. D’un côté cela a eu un impacte légèrement négatif sur le système de santé (départ des spécialistes et des patients), mais d’un autre côté, cela a quand même aidé dans une certaine mesure les médecins locaux à se maintenir à flot, car au lieu des résidents locaux, des Ukrainiens déplacés de force sont venus dans ces régions, cherchant asile et sécurité.

“Pendant un mois, approximativement jusqu’en mars, dans notre hôpital [l’hôpital régional pour enfants d’Ivano-Frankivsk], 80 % des patients étaient des personnes déplacées. En général c’était les enfants des régions du sud et du nord, plus tard il y avait plus de gens des régions de Donetsk et Lougansk. Une grande partie de la population locale est déjà revenue, donc la majorité des patients sont des enfants d’Ivano-Frankivsk”, a déclaré Nataliya Mytnyk, directrice médicale adjointe de l’hôpital régional pour enfants d’Ivano-Frankivsk, à l’UHC.

Les médecins indiquent également que dans les premiers jours de l’invasion à grande échelle, les gestionnaires ont commencé à aménager les sous-sols des hôpitaux.

“Nous n’avons pas d’abri anti-bombes, mais un sous-sol. Mais nous sommes à 30 km de la centrale nucléaire [du sud de l’Ukraine] et nous avons investi plusieurs années de suite. Là, nous avons des douches, des toilettes, des pièces carrelées et blanchies à la chaux, et de l’aération. Les abris anti-bombes à part entière n’existent pas encore. Il s’agit d’un abri anti-radiation, mais il sauve des fragments de quelques “arrivages” (bombardements). Nous avons sept sorties”, explique Volodymyr Krasyokha, directeur de l’hôpital multidisciplinaire de Voznesensk, situé à un peu plus de 230 km de Mykolaïv.

En conséquence de la longueur de la ligne de front, des hostilités actives et des attaques délibérées des hôpitaux, une partie du corps médical a été obligé de quitter son poste et de se mettre à l’abri dans des villes plus sécurisées d’Ukraine ou à l’étranger. Mais les spécialistes qui sont restés dans les hôpitaux, en particulier dans les villes de première ligne, vivaient directement dans leur établissement, et certains continuent à y vivre aujourd’hui. Par exemple, des spécialistes ont vécu au centre périnatal régional de Kharkiv jusqu’en avril.

Sa directrice, Iryna Kondratova, a déclaré qu’elle devait inventer chaque jour de nouvelles façons de motiver son équipe à continuer à travailler sous les bombardements. Par exemple, elle a trouvé des bénévoles qui faisaient des manucures pour le personnel médical directement à l’hôpital, et a reçu de bénévoles des voitures remplies de tulipes pour le 8 mars. Tout cela a contribué à maintenir le moral de l’équipe. Le joueur de football britannique et ambassadeur itinérant de l’UNICEF, David Beckham, a également aidé à parler des réalités de leur travail. Pendant une journée, il a donné accès à sa page Instagram à Iryna Kondratova. Alors Iryna a montré en story comment le centre périnatal a déménagé au sous-sol pour protéger les patients. Mais, malheureusement, certains bébés étaient en soins intensifs et dépendaient d’équipements médicaux spéciaux, ils ne pouvaient donc pas être emmenés dans ce refuge.

– Je pensais aussi au personnel à ce moment-là (quand je les motivais. — ndlr). Chaque jour. J’ai quitté le bureau le matin, remerciant Dieu d’être en vie et j’ai commencé à serrer dans mes bras tous ceux que je rencontrais.

Attaques ciblées contre les hôpitaux

De nombreux cas d’utilisation par l’armée russe de bombes aériennes non guidées contre des infrastructures civiles ont été enregistrés. Par exemple, les attaques contre le bâtiment du Théâtre dramatique de Marioupol (10 et 16 mars), contre des bâtiments résidentiels et un centre de cardiologie à Tchernihiv (3 mars), contre l’hôpital de la ville d’Izyum dans la région de Slobozhan (8 mars), des bombardements réguliers d’hôpitaux à Kherson (le dernier en date, le 29 janvier), etc. Tout cela indique que l’utilisation de bombes non guidées contre des objectifs civils est l’une des tactiques de l’armée russe dans cette guerre à grande échelle.

Hôpital clinique régional de Kherson

Des bombes non guidées super lourdes. Maternité de Marioupol

Marioupol était l’une des villes qui se développait activement en Ukraine. En 2022, la ville est devenue un exemple de destruction massive et de crimes de guerre horribles, presque sans précédent depuis la Seconde Guerre mondiale. La destruction de Marioupol peut être comparée à la destruction de Grozny (la capitale de la Tchétchénie, 1996) ou d’Alep (une ville de Syrie, 2016). Les militaires de la Fédération de Russie ont participé à la destruction de chacune de ces villes.

Avant l’invasion à grande échelle, Marioupol disposait d’un vaste réseau d’assistance médicale. En décembre 2022, selon l’UHC, au moins les 3/4 de l’infrastructure médicale de la ville – 82 des 106 lieux de soins médicaux – avaient été gravement endommagés ou détruits. Malgré le fait que la ville soit toujours occupée début février et qu’il soit impossible d’entrer sur son territoire, l’équipe a pu évaluer les résultats des attaques grâce à des sources ouvertes et des images satellites.

Un exemple d’attaque ciblée est le bombardement de l’association médicale territoriale “Santé de l’enfant et de la femme”. Cette institution médicale remplissait le rôle de maternité, de consultation des femmes et avait des fonctions distinctes d’hôpital pour enfants. Il desservait la population de la ville et des régions du sud de la région de Donetsk.

Situé au centre de la ville, l’établissement médical était composé de plusieurs bâtiments séparés, placés les uns à côté des autres en forme de “U” – un service de diagnostic pour les enfants, une maternité, un service de santé des femmes, ainsi que des services techniques et des bâtiments administratifs.L’hôpital se trouvait dans la cité médicale, à côté d’autres installations médicales (dont le centre de soins primaires n°3, la clinique externe pour enfants, la clinique d’oncologie de Mariupol et le centre de traumatologie).

Le 9 mars 2022, l’armée russe a effectué une frappe aérienne sur le service de diagnostic pour enfants et la maternité. Deux bombes non guidées super lourdes, probablement des obus explosifs FAB-500, ont été larguées par avion ; la zone de dégâts est de 110 à 190 mètres. Ces obus infligent des dégâts par les produits d’explosion, les débris et l’onde de choc. Les projectiles ont touché la cour à l’intérieur du complexe de bâtiments en forme de U, provoquant d’importantes destructions. L’un des obus a laissé un grand cratère dans la cour de l’hôpital.

Photo : Mstislav Tchernov

Les deux bâtiments les plus endommagés ont été le service de diagnostic pédiatrique et la maternité. Des fenêtres ont été brisées, des façades, des espaces intérieurs, des toits de locaux ont été détruits. Des représentants de l’association médicale ont indiqué que la destruction approximative des bâtiments et du territoire environnant est de 90%. Au moment de l’attaque, l’établissement fonctionnait, avec du personnel médical et des patients. Dix-sept personnes ont été blessées, cinq sont décédées, dont une femme en travail d’accouchement avec un enfant.

En quelques jours, des personnes responsables et des médias de la Fédération de Russie ont fait un certain nombre de déclarations contradictoires selon lesquelles l’hôpital était une cible militaire justifiée, car il aurait abrité des soldats du régiment “Azov”. Les propagandistes russes ont également affirmé qu’il n’y avait ni patients ni personnel à l’hôpital au moment du bombardement. Cependant, ils n’ont été en mesure de fournir aucune preuve en faveur de ces affirmations, mais il existe une grande quantité de preuves du contraire.

Régiment "Azov"
Une unité spéciale distincte de la Garde nationale ukrainienne, créée en 2014. Elle a participé à la défense de Marioupol. Les Russes utilisent l'image de l'unité dans leur propagande, accusant les militaires de néonazisme et de xénophobie.

Photo : Mstislav Tchernov

Tirs de mortier. Hôpital régional de Makarivska

Un autre exemple d’attaque ciblée se trouve dans la région de Kyiv. Il s’agit de la clinique de soins médicaux primaires de Makariv.

Makariv est un village de type urbain à un peu plus de 50 km à l’ouest de Kyiv, où vivaient près de 10 000 personnes avant la guerre à grande échelle. En mars, les troupes russes ont attaqué ce lieu d’habitation à minuit, avec pour objectif de couper l’importante autoroute E40 reliant Kyiv et la partie Ouest d’Ukraine. Les troupes russes ont tenu la périphérie nord-est jusqu’au 1er avril 2022. Pendant ce temps, Makariv a subi de graves destructions : plus de 200 bâtiments ont été détruits, 600 autres, dont trois établissements de santé, ont été gravement endommagés.

Le centre d’aide primaire médico-sanitaire de Makariv était situé dans la partie nord-ouest du territoire de l’hôpital de région de Makariv. Il se composait du bâtiment principal de l’hôpital, du bâtiment administratif, du poste de secours et de plusieurs bâtiments techniques. Il n’y avait pas d’autres objets à proximité, à part quelques immeubles résidentiels.

Le 28 mars, l’armée russe a bombardé ce centre avec des mortiers. L’établissement a été complètement détruit. Des fenêtres ont été brisées dans des bâtiments voisins, des traces de tirs d’artillerie ont été retrouvées. Au moment de l’attaque, la majorité du personnel, à l’exception de quelques employés, avait déjà été évacuée.

Pendant l’étude sur le territoire, l’équipe de l’UHC a trouvé des traces de tirs de mortier : quatre cratères d’impacts de mortier à proximité du site, situés le long d’une même ligne, à une distance d’environ 10 mètres les uns des autres. Deux autres trous ont été enregistrés dans les ruines du bâtiment. Ce schéma indique que l’armée russe a ajusté ses tirs de mortier par étapes jusqu’à ce que la cible soit finalement touchée. La nature de la destruction dans l’établissement médical, comparée à la destruction dans la zone environnante, indique que l’attaque était distincte et délibérée (ciblée).

Serhiy Solomenko, directeur de l’entreprise communale à but non lucratif “Makariv Primary Health Care Center”, a déclaré :

— Nous avons dû faire face (à part les bombardements. — ndlr) à d’autres problèmes — l’absence totale de communication, l’absence totale d’Internet, parallèlement à tout cela, l’approvisionnement en électricité a été endommagé dans la majeure partie de la communauté. Nos employés étaient dans des conditions assez difficiles.

Source : UHC

8 bombes non guidées. Centre régional cardiologique de Chernihiv

3 mars, 12h16, l’enregistreur vidéo d’un conducteur qui se dirigeait via la rue de Viacheslav Chornovol, a capturé comment un avion russe a largué au moins huit bombes non guidées. A la suite de cette attaque, 47 civils sont morts, 18 autres ont été blessés. Quatre bâtiments résidentiels, une pharmacie et le centre régional de cardiologie de Tchernihiv ont également été endommagés.

Selon le chef de l’administration militaire régionale de Tchernihiv, Vyacheslav Chaus, des bombes aériennes FAB-500 ont été utilisées lors de cette attaque. “Habituellement, ces bombes sont utilisées contre des installations et des fortifications militaro-industrielles, pas contre des zones résidentielles”, a-t-il déclaré sur sa chaîne Telegram. Il a également indiqué qu’il n’y avait pas d’installations militaires à proximité. Cette information a ensuite été confirmée par des organismes d’enquête internationaux.

Sur le site de l’attaque, l’équipe de l’UHC a trouvé au moins quatre cratères de bombe clairs, un cratère potentiel (enterré sous les décombres) et deux coups directs sur le bâtiment.

Dans la cour du centre de cardiologie, deux fosses profondes ont été enregistrées, et autour d’elles – la façade a été gravement endommagée, les fenêtres de l’hôpital et d’un des bâtiments de l’hôpital ont été brisées. Au moment du bombardement, le 3 mars, l’hôpital ne fonctionnait pas, donc, heureusement, il a été possible d’éviter des pertes humaines importantes.

Les images satellites ont également montré que des dommages à l’hôpital sont apparus dès le 28 février. Cette attaque est probablement un crime de guerre et devrait faire l’objet d’une enquête par la Cour pénale internationale.

Armes à sous-munitions. Kyinka à Severshchyna

Kyinka est un village où vivaient environ 2 500 personnes avant l’invasion à grande échelle. Il est situé à la périphérie sud-ouest de Tchernihiv, près de l’importante autoroute E95 et sur la route P69 reliant Tchernihiv et Kyiv.

Pendant le siège de Tchernihiv, le village a été encerclé mais n’a pas été pris par les militaires russes grâce à la résistance de défenseurs locaux. Ce village a été bombardé à plusieurs reprises, à partir du 28 février. Au cours des attaques, les troupes russes ont utilisé divers types d’armes, y compris des armes à sous-munitions interdites.

Photo : UHC

Photo : UHC

Une arme à sous-munitions est un type particulier de bombe aérienne. Elle a des parois fines et à l’intérieur une grande quantité d’armements : petits fragments, mines antiaériennes, mines à usages divers (antichar, antipersonnel, incendiaire). Habituellement, ces projectiles explosent alors qu’ils sont encore en l’air, frappant une grande surface avec leurs “entrailles” meurtrières.

Bonnie Dougherty, chercheuse principale sur les armes à Human Rights Watch, affirme que ces projectiles peuvent avoir des effets retardés et constituer une double menace pour les civils : tous les engins piégés n’explosent pas à l’impact, certains restent au sol. Certains d’entre eux ont des couleurs vives et des formes diverses qui attirent les enfants et peuvent nuire aux enfants et aux adultes.

L’utilisation de ces munitions est interdite en raison de leur effet massif et aveugle et du danger considérable qu’elles représentent pour la population civile.

Kyinka avait deux établissements de soins médicaux primaires. Peu avant le début de l’invasion à grande échelle, à la place de l’ancien bâtiment, il était prévu d’en ouvrir un nouveau, qui a été construit en 2020. Les établissements ont été endommagés lors du bombardement du village : des restes d’armes à sous-munitions (ap piori 9M27K) tirées du système de lance-roquettes BM-27 “Uragan” ou BM-30 “Smerch” ont été retrouvés sur leur territoire.

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Le lance-roquettes multiple, l’un des types de système d'artillerie. Il peut être utilisé pour attaquer des effectifs, des équipements et des véhicules blindés, des centres de commandement.

La nature des dégâts indique que le bombardement était aléatoire et non lié à des cibles militaires spécifiques.

Un système qui a survécu, mais qui a besoin de soutien

Malgré les attaques ciblées et régulières contre le système de la santé d’Ukraine, on peut le constater : il a résisté. Dans une certaine mesure même grâce à la pandémie de COVID-19, laquelle a obligé les hôpitaux à se préparer au travail dans des conditions atypiques et souvent extrêmes. Et le plus important, c’est grâce aux spécialistes qui ont continué à travailler malgré tout, ainsi qu’au puissant soutien des Ukrainiens du monde entier, qui ont aidé de toutes les manières possibles.

Les histoires d’attaques de la Fédération de Russie contre le système de santé ukrainien qui ont été enregistrées en Ukraine ne sont pas uniques, mais elles sont suffisamment typiques pour dire avec confiance que ce comportement de l’armée russe est typique de sa stratégie de guerre. En fait, presque toutes les attaques étaient délibérées, brutales et répétées.

Dans certaines régions d’Ukraine, les employés ont été obligés d’évacuer, de sorte que ces établissements n’ont pas été en mesure de fournir une assistance complète en raison de la menace potentielle pour les patients et le personnel. Les hôpitaux ont été déplacés vers des endroits plus sûrs par bâtiments et par services entiers, avec leurs équipements.

Contrevenant aux principes fondamentaux du droit humanitaire international, la Russie mène une guerre non seulement contre les militaires, mais aussi contre les civils. La nature des destructions montre que les forces russes ne font pas de distinction entre les objectifs civils et militaires (intentionnellement ou par négligence) et utilisent la catastrophe humanitaire comme un instrument de guerre.

Les attaques des forces militaires russes contre les hôpitaux ukrainiens ne parlent pas seulement de la destruction des murs ou des bâtiments, mais aussi de l’impact global sur le système de santé de l’Ukraine. En détruisant les établissements de santé et en tuant des professionnels de santé, les militaires russes causent non seulement des dommages à toute la population locale et leur enlèvent le plus précieux, c’est-à-dire la vie, mais ils affectent également l’avenir. En raison de ces attaques, une partie de la population, militaires comme civiles, ne pourra pas recevoir une assistance compétente et de qualité en temps opportun.

Après près d’un an de guerre à grande échelle en Ukraine, il existe de nombreuses preuves permettant de tenir les militaires russes et leur commandement responsable. C’est pourquoi la documentation minutieuse, l’enquête sur les attaques et la poursuite de ces crimes commis par les occupants doivent être une priorité tant au niveau international que national. Il est essentiel de documenter ces crimes aussi rapidement et minutieusement que possible afin de constituer une base de preuves solide pour les futurs procès judiciaires. Cela est extrêmement important pour parvenir à la justice. Pour accélérer ce processus, l’équipe de l’UHC, en partenariat avec des organisations telles que Physicians for Human Rights (États-Unis), eyeWitness to Atrocities et Insecurity Insight (Suisse), a déposé une déclaration auprès de la Commission d’enquête spéciale du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies, appelant à prioriser les enquêtes sur ces violations commises par la Russie en Ukraine

Pavlo Kovtoniuk résume que le système de santé de l’Ukraine est déjà endurci, mais qu’il a besoin de changements dès maintenant afin d’être efficace après la victoire.

La bonne nouvelle est que notre système de santé a résisté et survécu aux coups les plus critiques pendant cette année. Bien qu’il y ait des communautés où la situation est dramatique, dans l’ensemble, la Russie n’a pas réussi à totalement désorganiser notre système de santé, sauf dans les territoires temporairement occupés. Cependant, à long terme, la résilience de notre système médical dépend de sa modernisation. Les enjeux sont très élevés. Un système de santé obsolète sera un fardeau pour notre économie lors de la phase de reconstruction. C’est pourquoi, tout comme notre armée est modernisée, il est nécessaire de moderniser également notre système de santé.

Le dossier est préparé par

L'auteur du Ukraїner:

Bogdan Logvynenko

Auteure:

Maria Kravchenko

Rédactrice en chef:

Ania Yablutchna

Rédactrice:

Lesia Bogdan

Éditeur photo:

Yurij Stefaniak

Responsable de contenu:

Yana Rusina

Traductrice:

Khrystyna Gabuzian

Éditrice de traduction:

Helene Skapski

Coordinatrice de la traduction:

Olga Gavrylyuk

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